Une dissertation rédigée sur La DDFC d'Olympe de Gouges

​Cette dissertation a quatre mains a été pensée et rédigée avec un élève de première que j'accompagne dans le cadre de mes cours particuliers.


Sujet : ​​Quel est le principal moyen employé par Olympe de Gouges dans sa lutte pour l’égalité ? 


[Introduction]

   ​La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, parue le 14 septembre 1791, est une œuvre polémique visant à défendre les droits de la femme. Son auteure, Olympe de Gouges, n’a pas été reconnue par son père à sa naissance et est devenue veuve très jeune. Cela lui a donné la liberté et l’indépendance d’écrire et de publier sous son propre nom. Le lecteur de La DDFC peut considérer qu’Olympe de Gouges y lutte pour l’égalité grâce à la dénonciation des injustices. Pourtant, lire La DDFC comme une simple entreprise de dénonciation serait réducteur. En effet, Olympe de Gouges y fait valoir des arguments et emploie des stratégies littéraires qui ne relèvent pas seulement de la dénonciation. Le combat pour l’égalité passe sans doute par d’autres moyens. Est-ce par la dénonciation des injustices causées par les hommes envers les femmes qu’Olympe de Gouges lutte pour l’égalité ? Nous allons dans un premier temps montrer que la lutte pour l’égalité a pour moyen la dénonciation de l’oppression masculine. Cependant, nous allons observer dans un second temps qu’Olympe de Gouges invite aussi à la réflexion, aux revendications juridiques et à l’action politique.


[Première partie]

​La dénonciation de l’oppression masculine est au cœur du projet de lutte pour l’égalité mené par Olympe de Gouges. D’abord, cette lutte se fait par des accusations et des provocations. Dans “Les Droits de la femme”, elle interpelle les hommes : « Homme, es-tu capable d’être juste ? ». On observe ici une question rhétorique qui apostrophe le genre masculin. Cette question prend la forme d’un défi lancé par les femmes. Le lecteur peut y voir une provocation, car derrière cette question se cache le sous-entendu selon lequel l’homme n’est pas juste. Cette accusation est représentative du style de La DDFC qui dénonce avec vigueur les agissements des hommes.

​Olympe de Gouges dénonce également les hypocrisies et les contradictions des hommes. En particulier, elle fait observer les promesses non tenues des révolutionnaires. Ceux-ci se disent héritiers des Lumières, mais ne mettent pas en pratique les idées des penseurs des Lumières, car ils négligent les femmes. Quand Olympe de Gouges écrit : « il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l'égalité », elle pointe du doigt le fait que les hommes ne font pas profiter les femmes de la Révolution. Ils commettent un contresens sur l’égalité. Ils réclament leur propre égalité alors que l’égalité ne se conçoit que collectivement. Olympe de Gouges ajoute, en s’adressant directement aux femmes : « Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? ». Ainsi, cette prise de conscience à laquelle l’auteure appelle les femmes est celle des contradictions des hommes de la Révolution.

​De plus, Olympe de Gouges signale au lecteur que les lois sont défavorables aux femmes. L’auteure montre l’infériorité juridique du sexe féminin en dressant un effet de contraste entre sa déclaration et celle des hommes. La parodie de La DDHC a pour effet de révéler, de rendre éclatant, l’infériorité des femmes devant la loi. On observe qu’à cette époque les femmes n’ont même pas le droit à la propriété. C’est ce que dénonce Olympe de Gouges dans l’article 17 : “Les propriétés sont à tous les sexes, réunis ou séparés”. On remarque ici que les hommes sont le seul sexe qui peut posséder une propriété selon la loi. “réunis ou séparés” est une façon d’affirmer l’indépendance des femmes vis-à-vis de leur père et de leur mari vis-à-vis de leurs biens. Dans cet article, Olympe de Gouges pointe du doigt une loi de La DDHC mal appliquée (car elle n’est prise en compte que pour les hommes), celle du droit à la propriété.


[Deuxième partie]

​Cependant, cette lutte ne se fait pas uniquement par la dénonciation. Ce serait réducteur de considérer qu'Olympe de Gouges ne fait que remarquer les agissements des hommes et les inégalités, parce que La DDFC est bien plus que cela. En effet, derrière cette œuvre, le lecteur aperçoit des raisonnements et des réflexions profondes. Il est même amené à s’interroger sur cette inégalité et à remettre en question le droit révolutionnaire. On observe, dans son œuvre, de nombreux raisonnements qui font appel à la logique. Par exemple, dans l’article 10, elle proclame le droit des femmes à participer à la vie politique tout en affirmant leur liberté d’expression : “La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle a aussi le droit de monter à la tribune”. Entre ces deux propositions, un rapport de conséquence est établi. Olympe de Gouges fait comprendre au lecteur que la femme peut prendre des décisions politiques en faisant une démonstration logique. Au travers de ce genre d’arguments rationnels, Olympe de Gouges tente de convaincre son lecteur.

​On observe aussi que la démarche de l’écrivaine consiste à s’emparer des droits pour les femmes. À travers ses revendications pour les droits des femmes, elle lutte pour l’égalité. Grâce au pastiche de La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, Olympe de Gouges revendique avec conviction l’égalité juridique entre les hommes et les femmes. On remarque dès le premier article (“La femme nait et demeure libre et égale à l’homme en droit”) qu’elle place la femme sur un pied d’égalité avec l’homme. Ce présent de vérité générale donne l’impression que cette affirmation d’égalité devient vraie. Cela ressemble à discours performatif : une parole qui correspond à une action. Olympe de Gouges propose des pistes d’amélioration, notamment dans le postambule : “en attendant, on peut la préparer par l'éducation nationale, par la restauration des mœurs et par les conventions conjugales”. Elle veut ici que la femme ait accès à l’éducation et puisse mener une vie vertueuse.

À travers son discours, Olympe de Gouges appelle la femme à la révolte. Celle-ci est invitée à s’indigner et à agir. Les actions vigoureuses appelées par Olympe de Gouges sont de nature politique et juridique. Elle les interpelle en disant : “Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits”. Ces premiers mots, déterminés et pleins d'entrain, du postambule apostrophent avec force la femme sur son destin. Ici, ces impératifs portent sur "se réveiller" (métaphoriquement : prendre conscience) et reconnaître ses droits. Ils illustrent bien le passage de la dénonciation des inégalités à l’action pour lutter contre celles-ci. 


[Conclusion]

​Ce n'est pas seulement à travers la dénonciation des inégalités que l'auteure de La DDFC combat pour l'égalité entre les femmes. Il est vrai que la façon dont elle Olympe de Gouges signale ces injustices est déterminante : elle passe à la fois par la satire, notamment dans "Les Droits de la femme" des législateurs de la Révolution et par la parodie du texte révolutionnaire qu'elle corrige. Mais sa réécriture de La DDHC consiste à élaborer des propositions concrètes en faveur d'une meilleure législation. Ces propositions sont elles-mêmes accompagnée d'appel à l'action, d'une harangue faite aux femmes.

​Chez Olympe de Gouge, la dénonciation des injustices subies par les femmes est directement énoncée et prend la forme d'un manifeste politique et juridique. Mais la littérature romanesque et les récits autobiographiques offrent aussi de nombreux exemples d'un tel regard critique. Par exemple, le roman Fille de Camille Laurens raconte, dans sa première partie, l'enfance banale d'une femme dont le père considère qu'il n'a pas d'enfant, parce qu'il n'a "que deux filles".


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